SYSTEME : moralité des personnages

Jusqu'à ce que des personnages comme Conan et Jirel de Joiry viennent mettre un coup de pied dans la fourmilière, les histoires pulp voyaient généralement s'affronter des méchants très méchants avec des gentils très gentils et très conservateurs. Si on a aujourd'hui des profils plus variés, il nous a paru utile de les répartir entre quatre grosse familles. Noté que ces moralités ne sont là que pour donner un schéma grossier de la manière dont pense et agit le héros. Les joueurs sont vivement encouragés à le personnaliser avec des détails plus subtils.

Chevaleresque

Ces personnages croient aux bénéfices d'une société organisée où chacun remplit consciencieusement sa fonction, celle des guerriers étant de défendre les innocents, de punir les coupables et de repousser les ennemis. Pour eux, le fondement de la civilisation est la confiance des faibles envers les forts, des civils envers les militaires et des dirigés envers les dirigeants. Quand un paysan ou un artisan n'a plus confiance en ceux qui sont sensés le protéger, il consacre le plus gros de son temps et de son énergie à se protéger lui-même et devient forcément beaucoup moins efficace dans son travail. Pour protéger cette confiance, tous ceux dont la fonction implique de détenir de la force ou du pouvoir doivent être particulièrement irréprochables. C'est pourquoi les chevaleresques détestent par dessus tout l'abus de pouvoir et la corruption.
Les chevaleresques sont typiquement des guerriers ou des dirigeants, mais peuvent avoir n'importe quel profil du moment qu'ils attachent beaucoup d'importance à ce qu'ils considèrent comme leur devoir : guérisseurs, sages, prêtres...

Bienveillant

Parmi les habitants des terres vives, les bienveillants sont sûrement les plus inadaptés à la brutalité de leur monde. Ils exècrent la violence et ne pensent pas qu'on puisse éliminer le mal simplement en éliminant ceux qui le commettent. Le sang n'appelle que le sang. Ils s'efforcent de tendre la main à tout le monde, y compris à leurs ennemis, ne se battent qu'en dernier recours et en essayant toujours de causer le moins de blessures possibles. Ce sont, de toutes façons, très rarement des combattants.

Barbare

Les barbares et les chevaleresques ne se rejoignent que sur un point : l'idée que la civilisation repose sur la confiance des faibles envers les forts. Mais pour le barbare, cette confiance est absurde. Les gens devraient compter d'abord sur eux-mêmes pour se défendre et se diriger. A leurs yeux, la société n'est que rapports de forces. La religion, la morale et les institutions n'existent pas, comme elles le prétendent, pour combattre la loi du plus fort mais pour la dissimuler et donner aux dominants un vernis de légitimité. Le barbare hait les agenouilleurs, mais il n'est pas tendre non plus avec les agenouillés qu'il considère comme des idiots ou des lâches. Il prend rarement la peine de les libérer de leurs tyrans sachant qu'il ne passera pas un mois avant qu'ils se précipitent dans les bras d'un autre. Les seuls faibles qui trouvent grâce à ses yeux sont ceux qui ont au moins la volonté de s'endurcir et de s'émanciper.

Les barbares ont presque toujours des profils très indépendants, ce qui suppose de la coriacité et une grande polyvalence.

Salopard

Pour un salopard, la fin justifie les moyens et héroïsme bien ordonné commence par soi-même. S'il a beaucoup en commun avec le barbare, il a moins tendance à juger les travers de la société et préfère en tirer avantage. Ce n'est pas un parfait égoïste : s'il pense d'abord à lui, ses proches viennent juste derrière. S'il peut lui arriver de voler ou d'escroquer les autres, il préfère quand c'est possible les rapports gagnant-gagnant, même s'il se débrouillera toujours pour gagner un peu plus que les autres.
Ce sont aussi des gens qui attachent plus d'importance aux résultats qu'à la manière employée. Qu'ils tuent un ennemi en combat singulier ou d'un coup de couteau dans le dos, il est toujours mort à la fin. Il ne se battent à la loyale que quand il y a un intérêt à le faire.

En général, les salopards sont des gens talentueux, mais qui ne paient pas de mines au premier abord et peuvent servir à enseigner au héros principal à ne pas se fier aux apparences. Ils ont donc rarement des avantages ostensibles comme une noble naissance, une force colossale ou une beauté renversante (encore que la belle saloparde soit un classique).

Pour une mise en situation, mettons qu'un monstre dégueulasse est sur le point de dévorer une jeune fille sans défense... scène classique.

_ Le bienveillant endors le monstre, libère la fille, la ramène à sa famille et accepte la récompense s'il y en a une. Sinon tant pis, il ne déclenchera pas de conflits pour ça.
_ Le chevaleresque tue le monstre, libère la fille, la ramène a sa famille et refuse la récompense : il faisait son devoir.
_ Le barbare tue le monstre, sauve la fille et l'entraîne à se défendre. Ensuite, il la laisse se débrouiller.
_ Le salopard tue le monstre, enlève la fille et la rend à sa famille contre rançon.